En ce qui me concerne la réponse (déjà esquissée dans un sujet précédent) est sans la moindre hésitation : quelle que soit la qualité des produits imaginés pour les hommes, le soyeux de leur étoffe et l'élégance de leur forme, ils n'auront jamais pour moi la valeur de leurs homologues dessinés pour les femmes – justement parce que ce n’est pas pour elles qu’ils ont été pensés. Donc ce qui m'attire dans la lingerie féminine, c'est la féminité au moins autant que la lingerie : mon émoi ne vient pas de ce que je porte une jolie culotte « pour garçons », aussi raffinée celle-ci puisse être, mais de ce que j’ai sur moi une culotte « de filles », aussi simple soit cette dernière. J'en déduis que l’attrait puissant, intense et irrépressible qu’ont sur moi les dessous est étroitement lié, non seulement à leur charme intrinsèque (l’attrait des formes, le soyeux des étoffes, la douceur des couleurs, la légèreté des tissus), mais aussi à la capacité de ces dessous (dès lors qu’ils sont destinées à des filles) de me permettre d’éprouver les mêmes impressions et sensations qu’elles lorsque je les revêts. C’est sans doute pour cela que l’amour de la lingerie m’a conduit peu à peu à éprouver le besoin non moins irrésistible d’enfiler, par dessus mes culottes, bas et autres soutiens gorges, les jupes et/ou robes qui leur donnent leur véritable sens. Bien sûr la lingerie « de dessous » reste le cœur du cœur du processus : les habits, bijoux et même perruques sont là pour tenir lieu d’écrin à la lingerie fine qu’ils sont censés dissimuler aux yeux de tous, et l’émotion est d’autant plus troublante lorsque je sais que, sous cette petite robe noire si simple qui me tient lieu d’avatar, se cache un mignon ensemble ajouré de broderie anglaise. Mais cette émotion est au fond « celle de me vivre en fille », l’émoi est celui d’avoir changé de peau en même temps que d’habits : ni tout à fait le même ni tout à fait une autre, j’éprouve le vertige délicieux mais aussi très angoissant de sentir monter du fond de moi un autre corps et un autre visage, rêvés plutôt que vécus, et qui aspirent eux aussi à leur part de lumière au lieu des ténèbres où je les tiens enfouis depuis toujours…