Article écrit par Julie Mazens en 2012 :
Quand les vêtements féminins étaient l’apanage des hommes …
8 août 2012 | Mots-clés : Bas, collants, corset, genre, Historique, Talons, Vêtements
Aussi étonnant que cela puisse paraître, les talons hauts, les bas, le corset et autres pièces de la garde-robe féminine ont d’abord été portés par les hommes et, à une époque où les questions de genres fleurissent, les allers-retours de l’histoire semblent dire que rien n’est jamais aussi « genré » qu’il n’en a l’air.
Jusqu’au Moyen-Âge, le sous-vêtement n’avait pas de fonction érotique, ni ne permettait la distinction des classes, il était simplement utilitaire. C’est à la Renaissance que sa fonction évolua et jusqu’au 18ième siècle, il servait à la fois à protéger les vêtements de la saleté du corps (ils ne se lavaient pas beaucoup …) et à préserver de tissus trop rugueux. Il indiquait aussi la puissance et la classe sociale des hommes, et était aussi un outil de séduction pour les femmes.
Les bas sont apparue au 12ième siècle, pendant la guerre de Cent Ans ; les soldats au Moyen-Âge portaient de sommaires collants, réunion de hauts-de-chausses et de bas de soie. Au 16ième siècle, Voltaire était aussi fabricant de bas et ses écrits sur le sujet à la Duchesse de Choiseul sont restés célèbres. C’est seulement vers 1920 que les premiers bas de soie ont été spécifiquement réalisé à destination des femmes.
Les talons hauts étaient porté par les hommes dans la Grèce Antique, tout comme en Égypte, où ils permettaient aux bouchers de marcher au-dessus du sang. Les légionnaires romains les portaient aussi pour soulager leurs vertèbres lombaires. Comme ils accéléraient la marche, les Barbares aussi les ont adopté. Il a fallu attendre le mariage de Catherine de Médicis avec Henri II pour voir des femmes les porter.
Le corset est lui directement issu de l’armure du chevalier. Au 16ième siècle il servait l’élégance et le pouvoir de l’homme comme il servait l’élégance et la séduction chez la femme, et faisait plier le corps des deux sexes au gré des modes. Et c’est la Révolution française qui a libéré les corps de cette contrainte.
Si le sous-vêtement circule d’un sexe à l’autre depuis des siècles, il passe aussi de dessous à dessus. C’est le cas de la chemise, de la tunique, du corset, … souvent pour une raison érotique (cf le bondage avec les corsets). Révéler les dessous, c’est aussi révéler l’envie de se dévêtir.
Ainsi, si les vêtements ont toujours eu pour fonction d’indiquer distinctement les sexes, les vicissitudes de l’histoire du vêtement intime indiquent que les femmes ont régulièrement emprunté aux costumes masculins pour s’affranchir des servitudes et que se dévêtir, jouir de son corps, c’est aussi gagner en liberté …
(librement adapté d’un article Terra Femina)